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Masculinisation partout, épicènes nulle part !

Adapter le français plutôt que s’adapter au français

Il y a quelques jours (début 2025), voulant écrire un document dont certains termes cruciaux sont issus de l’anglais où ils sont épicènes, je me suis retrouvé coincé pour les traduire en français, où ils ne le sont pas. Coincé, parce que cela fait plusieurs décennies que j’évite le masculin générique et qu’il me choque à chaque fois que je le lis. J’ai fait une pause pour me rendre compte de ce que tout cela me faisait vraiment. Ce qui est monté était une grande frustration de me retrouver empêché d’écrire et même de penser, et cela à cause de ma propre langue. Une forme de colère m’est (re)venue également et j’ai (re)commencé à voir un féminicide derrière chaque le mis pour un la.

Alors, j’ai cherché qui avait cherché et proposé des solutions plus radicales que le langage inclusif. Je ne suis pas linguiste, mais j’ai eu envie de vous raconter tout ça.

— Jérôme Desquilbet, le 31 janvier 2025.

L’article en PDF est ici (version du 1er mars 2025).

Quelques détails complémentaires

Mon point de départ a été la frustration de devoir traduire Companion (un mot anglais, épicène, utilisé en Focusing) par encore une forme inclusive non naturelle : Compagnon·ne ;  note : Compagne a un autre sens au féminin. Je me suis dit alors que des gens avaient forcément cherché une solution à ce qui me bloquait, une façon de modifier le français pour avoir une épicénisation directe, et j’ai cherché recherche création français épicène. Je suis alors tombé sur l’article La queerisation du français — La création du genre épicène par Gabriel Martin (15 novembre 2016) (sauvegardé ici). Cet article est celui qui a été redécouvert après leur propre publication par les concepteuris (Marie-Claude Marsolier, Pris Touraille, Marc Allassonnière-Tang) de la solution en i (page qui est un point de repère créé par la suite), que j’ai trouvée en continuant à chercher, je crois me rappeler via l’annonce du Workshop "ÉPICÉNIE NOW !".

Il y a longtemps, dans une autre quête cette fois pour une langue construite « parfaite », après la déception de l’espéranto avec ce que je trouvais d’horrible dans sa contruction m/f comme viro / virino (homme / femme), j’étais tombé sur le lojban que j’ai un peu étudié. Ce que j’y trouve de vraiment très intéressant, c’est l’approche où les caractéristiques de genre, nombre, temps, localisation spatiale, etc. ne sont pas données a priori, mais peuvent être précisées par ajouts… si on veut, sur une base qui est vraiment neutre. Et quand on a déjà l’idée que l’on peut construire une langue, que le français a été en partie construit (en particulier pour le masculiniser), c’est un réflexe de se dire que modifier le français serait possible. Reste les questions de l’acceptabilité et de la temporalité.


Cette quête s’est prolongée avec la création d’un atelier sur le sexisme dans la langue française, à partir de différentes ressources. Il a été donné et est toujours en cours d’amélioration.